Le lethwei ou la boxe birmane est un sport de combat né au Myanmar, ex Birmanie. Considéré comme très brutal, il divise le monde du ring et est fortement critiqué de par sa violence. C’est même selon certain le type de boxe la plus dangereuse du monde, rien que ça !
En effet, c’est l’un des rares sports de combat qui autorise les coups de tête, un sacrilège pour beaucoup du point de vue sportif. Retrouvez dans cet article ce qu’il faut savoir sur cette discipline.
La boxe birmane, qu’est-ce que c’est ?
Considéré comme étant l’art des 9 membres, le lethwei autorise dans sa pratique l’utilisation de l’ensemble du corps. Jambes, pieds, poings, coudes, genoux et tête, tout est permis !
C’est d’ailleurs ce qui fait sa particularité et le rend unique. Cette discipline se pratique sans gants et les combattants n’ont à leur disposition que de simples bandes pour se protéger les mains et les pieds.
Histoire et origines
Ce style de boxe découle des techniques de combat du guerrier birman.
Pas étonnant que ce soit aujourd’hui l’un des arts martiaux les plus violents du monde !
L’ensemble des stratégies et techniques d’affrontement et de discipline allie histoire et tradition. La boxe birmane se pratiquant à mains nues, cette particularité ne l’empêche en rien de susciter la curiosité mais aussi la fascination depuis sa création.
Au Myanmar, elle est considérée comme étant la boxe royale. En effet, les princes birmans de l’époque la pratiquaient et la famille royale était toujours présente lors des combats.
Le lethwei est né dans le but d’apporter aux forces armées birmanes, des techniques de combat plus élaborées car le pays faisait face depuis plusieurs siècles à des affrontements et guerres frontaliers.
Le principe est avant tout l’affrontement au corps à corps.
Les entraînements poussés permettent aux combattants de l’époque de faire face au combat, même sans armes. Même au 21ème siècle, le lethwei conserve encore fièrement son côté ancestral bien que quelques modifications aient été apporté afin de moderniser un peu la pratique.
Controverse sur la pratique sportive
L’une des plus grandes controverses de ce sport est le fait que la discipline soit inculquée dès le plus jeune âge dans la culture birmane.
En effet, les enfants s’y mettent dès 6-7 ans, ce qui a toujours valu un grand nombre de critiques dans le monde du sport de combat.
Pour comprendre ce style de boxe, il faut tout simplement accepter qu’il s’agit d’une institution à part entière dans la culture birmane.
C’est un héritage, une tradition majeure transmise de père en fils et mise en place pour inculquer la notion de courage et de force.
Dans les grandes lignes, il s’agit d’une étape importante pour montrer à la société que le petit garçon devient un homme fort et vaillant. Le bando ou comportement animal entre donc très tôt dans la vie des jeunes birmans.
Les jeunes Birmans deviennent très tôt des boxeurs, le club devient très tôt une partie majeure de la vie d’un Birman. En somme, la boxe représente une identité nationale à part entière.
C’est également un moyen de s’émanciper dans la société : devenir un jour un grand boxeur entretient le rêve de bien gagner sa vie plus tard.
Vers une légère évolution
On peut dire que la force et le caractère de cette discipline repose en majeure partie sur son dessein de maintenir son côté ancestral.
Les modifications apportées à la pratique sportive sont infimes et se limitent à l’apparition du ring occidental ainsi que de la mise en place des divisions, comme on peut notamment les voir chez les pratiquants de boxe américaine.
En revanche, pour ce qui est de la protection des combattants, l’équipement et les accessoires restent très rudimentaires aujourd’hui encore. Afin de mieux comprendre cela, il faut se pencher sur le « bando » qui n’est autre qu’un système fondé sur le comportement animal, essence même des techniques birmanes.
L’évolution marquante de la boxe birmane
L’année 1952 représente une date historique et marquante pour la discipline car le combattant appelé Tiger, Kyar Ba Nyein (1923-1955) de son vrai nom, est le représentant de la Birmanie aux Jeux Olympiques.
Bien qu’il ne soit pas allé très loin dans la compétition, il offre une exposition importante à son sport aux yeux du monde du sport de combat.
Après cette expérience aux JO, Tiger souhaite faire connaître au monde entier les arts martiaux birmans et même redorer son image qui s’est ternie. C’est ainsi que la discipline intègre des règles similaires à celles qu’on retrouve en Occident.
Parmi les modifications apportées : les matchs, qui se déroulent désormais en 5 rounds de 3 minutes chacun avec 2 minutes de repos entre chaque round.
Contrairement aux autres boxes, on ne suit aucun système de notation en Birmanie, ce qui veut dire que le combattant doit mettre son adversaire K.O pour gagner le combat.
Mais l’obtention de la victoire porte cependant à confusion car même si le combattant adverse est déclaré K.O, il dispose de 2 minutes de temps de repos pour récupérer et reprendre le combat afin de terminer les 5 rounds.
Si au bout des 5 rounds les boxeurs se tiennent encore debout, le combat est déclaré nul.
Il faudra attendre l’année 1996 pour que des juges considèrent cette boxe comme un sport légitime.
Cette modification permet notamment d’éviter les matchs nuls, désormais il y a donc toujours un gagnant à chaque issue du combat.
Les points techniques et pratiques du lethwei
Comme dit plus tôt, la pratique de ce sport se repose sur les 9 membres (poings, coudes, genoux, pieds, tête), soit l’utilisation de l’ensemble de l’organisme. Si c’est normal en Birmanie, les choses sont beaucoup moins évidentes pour le reste du monde.
Voyez par exemple les différences et les similarités avec la boxe américaine !
Un art martial très ritualisé
En sa qualité de boxe royale et traditionnelle, on compte quelques rituels impératifs avant et après chaque combat :
- Utilisation d’une musique birmane traditionnelle à l’arrivée des combattants,
- Démonstration d’habileté et de courage avec le Lethwei Yé qui est une danse guerrière traditionnelle,
- Démonstration du geste traditionnel Lekkha Moun au terme du Lethwei Yé, il s’agit d’un signe de respect envers le combattant adverse.
Malgré la controverse du bando sur la scène internationale, il est important de relever la notion de respect qui est d’une importance majeure dans la pratique de la boxe birmane.
Voici une courte vidéo YouTube pour mieux découvrir quel est cette discipline :
Les coups autorisés
La boxe birmane se résume en trois points essentiels du point de vue pratique et techniques :
- Le principal objectif est de toucher le pratiquant adverse,
- L’ensemble du corps représente les armes utilisées (genoux, tête, coudes, pieds et poings),
- On distingue 3 principales distances de combat :
- Le clinch, qui englobe les projections et les prises,
- La distance moyenne, on y retrouve les coups de genoux/poings/coudes,
- La distance longue, qui englobe généralement les pieds / kick.
Il s’agit là de l’ensemble des techniques traditionnelles inculquées aux guerriers birmans où on retrouve en permanence le bando ou comportement animal.
Découvrez aussi les techniques de boxe chinoise !
La pratique du lethwei en France
Vous vous doutez bien que la pratique de ce sport n’est pas la même au Myanmar et en France.
En effet, il est tout bonnement impossible que le bando soit le pilier de la boxe birmane en dehors des frontières du Myanmar.
L’une des plus grandes différences est par exemple le recours à la tête.
Le combattant est autorisé à attaquer l’adversaire :
- Sur le torse : les parties autorisées se trouvent sur l’avant et sur le côté au-dessus de la taille,
- A la tête : les parties autorisées se trouvent sur l’avant, le front, le côté et au-dessus du crâne,
- Sur les jambes : les parties autorisées se trouvent du pied jusqu’au haut de la cuisse,
- Au niveau des bras : les parties autorisées sont au niveau du biceps, des triceps et des mains.
En revanche, en France il est strictement interdit :
- De frapper avec la tête,
- De frapper avec les mains ouvertes,
- De frapper quelqu’un au sol ou en position de se relever,
- De frapper les parties sensibles,
- De se laisser tomber sur son adversaire quand ce dernier se trouve au sol,
- De réaliser des progressions tête en avant.
Comme on peut le constater, le bando ou le comportement animal n’a pas vraiment sa place en France et en Occident généralement.
Pour vous entraîner, votre coach vous placera certainement devant une glace à boxer dans le vide : c’est normal, ce sont des exercices de shadowboxing.
Le déroulement d’un combat en France
En France, un combat se déroule sur un ring soumis aux normes et aux règles des autres sports de combat. En Occident, les combats sont réglementés et catégorisés comme suit :
- Les combats : le hors combat est autorisé et il n’y a pas de système de touche. On parle ici de combats en full contact,
- Les assauts : les touches sont contrôlées et il n’y a pas de hors combat.
En France, un combat s’étale sur 2 à 3 rounds avec 2 à 3 minutes de repos entre chaque round. On retrouve aussi la présence des juges ; ces derniers décident du vainqueur si à l’issue des 5 rounds les deux combattants sont encore debout.
C’est donc un sport de combat fascinant mais dangereux, sans oublier qu’il est en permanence sujet à controverse.
Si pour beaucoup le Muay Thaï est le style de boxe le plus dangereux, on peut dire que son niveau de danger est loin d’atteindre celui du voisin birman.
Cependant, il ne faut pas oublier que c’est avant tout un sport de combat ancestral et traditionnel.
Vouloir le moderniser et le modeler à la culture occidentale ne reviendrait-il pas à le dénaturer, voire supprimer son caractère historique ? Si jamais vous cherchez un coach boxeur, prenez bien garde à ce que les entraînements ne soient pas trop violents !